L’existence de ce blog représente pour moi, comme pour d’autres, la possibilité de s’exprimer et de s’indigner sur un thème qui nous concerne tous. Il s’agit (vous l’aurez compris par l’intitulé du site) du genre. Le genre ne se réduit pas à ce qu’on nomme très vulgairement la « théorie du genre », qui est d’ailleurs une expression utilisée par ceux qui démentent l’existence d’un tel concept. Le genre façonne nos vies au quotidien, souvent de manière inconsciente, il dicte aux individus le comportement à adopter en fonction de leur sexe. Le caractère binaire de l’identité sexuelle et de genre va bien au delà d’une simple manière d’organiser la société, elle est la source d’exclusions, de rapports de pouvoir, de violences et de mécanismes de domination qui sont intégrés par la grande majorité. Le danger réside dans l’essentialisation du genre, admettre que les différences entre les hommes et les femmes, biologiques ou non, sont naturelles et donc normales. Cela mènerait à affirmer des choses telles que par exemple: une femme ne peut faire de politique car elle est bien trop douce et manque de férocité, de charisme, de talent d’oratrice, de maîtrise de soi ou encore d’intelligence stratégique. Sa sensibilité (qui serait donc naturelle) ne lui permettrait pas d’exercer ce type de métier. Ou encore, autre exemple: une femme, comme elle est sensible et douce par nature, ne pourrait pas avoir de rapport sexuel avec quelqu’un sans avoir de sentiments, car elle serait bien trop émotive pour cela et aurait bien plus besoin d’affection qu’un homme. Cet homme, lui, en revanche, en tant qu’individu fort et indépendant par nature, serait bien plus capable de se détacher de toute émotion en ce qui concerne l’acte sexuel. Ces exemples ne sont qu’une part infime de tous les stéréotypes de genre véhiculés au sein de la société.
Non, les femmes ne sont pas plus sensibles que les hommes, les femmes ne parlent pas plus que les hommes, les femmes ne sont pas plus passives que les hommes lors de l’acte sexuel, les femmes ne pleurent pas plus que les hommes, les femmes ne sont pas plus aptes à s’occuper des enfants, du linge ou de la cuisine que les hommes, les femmes ne sont pas plus multitâches que les hommes…. Tous ces stéréotypes peuvent être tellement intégrés par les individus qu’ils peuvent finir par correspondre à une certaine réalité, une réalité qui n’est certainement pas naturelle, mais sociale. En effet, si on répète aux petits garçons que pleurer c’est pour les filles ou pour les « tapettes », il est évident qu’ils vont apprendre à ne plus le faire, à se retenir par peur d’une sanction sociale. Ces stéréotypes représentent une violence tant pour les femmes que pour les hommes. C’est pour lutter contre ces idées reçues que j’ai créé ce blog.
Ce blog n’a pas vocation à faire un cours sur la sociologie du genre, mais plutôt à démontrer comment le genre exclue les individus qui ne correspondent pas au schéma binaire des identités sexuelles et de genre, comment il interdit ou sanctionne socialement certaines orientations sexuelles… Finalement, il s’agit de dénoncer une organisation de la société qui divise les individus et qui sanctionne ceux qui ne respectent pas la norme, considérés inévitablement comme déviants.
Sur ce blog, je me focaliserai sur différents thèmes, en passant par la question de l’intersexualité, du mouvement queer, de la sexualité féminine et masculine, de l’intersectionnalité, du patriarcat, ou encore de faits d’actualité évoquant des enjeux sur le genre ou d’auteurs, d’artistes évoquant ces thèmes. Sur la page de ce blog, mon choix d’image est celui d’une statue datant de l’antiquité romaine qui représente un hermaphrodite allongé sur un matelas. Pourquoi un hermaphrodite vous me demanderez? Au delà du simple fait que je vais aborder le thème de l’intersexuation sur ce blog, cette œuvre permet de flouter et de ne plus rendre si évident ce mur étanche, cette barrière entre les hommes et les femmes, entre le féminin et le masculin. Cette œuvre permet finalement d’avoir une approche plus fluide du concept de genre, et c’est précisément cette approche que je tenterai d’avoir ici.
J’espère que ce blog me permettra de faire naître en vous cette indignation.